Précédemment, dans Chloé Delaume, personnage de fiction qui fait plein de trucs :
– Objectif #Meufland – L’idée d’une VIe République Française dont la devise serait « Liberté-Parité-Sororité » ne se résout pas à quitter le cerveau, le corps et l’ordinateur de Chloé Delaume.
En septembre 2016, elle a publié un roman, Les Sorcières de la République qui abordait déjà le sujet. Mais comme elle a de légères tendances nihilistes et que ses personnages pouvaient jeter des sorts, elle a prit le parti de l’utopie qui dérape, de la vengeance souveraine et très bien habillée, de la Terreur en potion, des Bacchantes d’Euripide. Du coup ça a donné une chouette histoire baroque, peuplée de saynètes rigolotes où au barbecue communal grillent les bites des pères incestueux.
Le but des Sorcières de la République était de mettre en scène un cauchemar poussif, dont les données étaient pourtant réelles. Si les femmes étaient soudainement au pouvoir, en ayant d’absolus pouvoirs; incontrôlables, incontrôlées. Si, comme depuis toujours au fond, chacune et toutes perdent de vue la solidarité qui se devrait inaliénable entre-elles, avec ou sans chaudron, que voulez-vous que ça donne? Une répétition de l’Histoire, de l’Histoire de l’Homme. Celle qui engendre, même sans potion, la Terreur, les purges; l’ubris qui surgit durant la mutation dominé / dominant. Si dans le roman ça tourne mal, c’est parce que les femmes n’appliquent pas, ne pratiquent pas, la Sororité. C’est ça la morale de l’histoire, le trou noir, l’oubli de la Sororité, sans quoi pas de Nouveau Commencement, de redistribution, de prise en main du réel. Les Sorcières de la République se voulait un exercice dystopique, un roman d’anticipation qui rappelait combien depuis l’Olympe l’histoire des femmes est invisibilisée. Et également qu’il était temps, entre meufs, de s’organiser.
– Sororité bien ordonnée commence par exclure le mot pouffiasse – Ce que contient le mot Sororité, ce lien de sœur à sœur, en quoi il peut être le Graal, la clef, une arme collective avérée efficace? Des techniques de survie qu’il vaut mieux appliquer, des gestes, des perceptions qu’il suffit de déplacer? Utopie féministe : société sororale.
Dès le premier regard, abolir la notion de rivalité, voir avant tout l’alliée, un rapport établit désormais de sœur à sœur. Ca serait drôlement pratique si on y arrivait. Le problème c’est comment. Comment y arriver.
Le Dire c’est faire on sait bien que ça ne marche pas du tout. Il ne suffira pas de se dire : c’est ma sœur. D’autant que sœur, ça ne va pas, comme référence, du tout. La famille, le sang commun. Le sang qu’ont en commun celles du mot Sororal relève du menstruel et porte un ADN aux brins de luttes invisibles. Pour autant, comment être certaine que la femme qui se trouve en face partage d’emblée, elle aussi, le même principe, le même élan, surtout vue comment elle s’est sapée pour l’entretien d’embauche alors qu’il vous faut ce poste même s’il est hyper mal payé. On fait comment? Faut-il émettre des signes, épingler une fleur sèche au revers de sa veste ou porter un Crop Clitoris d’Anne Larue au-dessus d’un col roulé?
Il est plus qu’évident que cette brave Chloé Delaume ne peut s’en sortir toute seule. Quant bien même s’engage-t-elle à ce que dans sa nouvelle histoire, les femmes fondent la Constitution de la VIe République sans avoir préalablement égorgé et mangé personne.
– Chloé contre-attaque sans vampires – Ainsi a été conçu et lancé le projet Liberté-Parité-Sororité. Imaginer que cette fois-ci ça marche. Une Assemblée des femmes, à la Aristophane, sous la forme d’une pièce de théâtre, raconter les premiers pas et leur suite, le lancement et l’évolution d’une République Française répondant à la devise « Liberté-Parité-Sororité ». Et parce que le théâtre est un espace citoyen, ouvrir officiellement le chantier, dès ses premières recherches. Faire en sorte que le travail préparatoire deviennent un cercle de réflexion et le lecture participatif; que les thèmes de la pièce se développent à travers des ateliers d’écriture ludiques, accessibles, que la parole, les textes, les idées, circulent. Pour ça elle sera durant dix mois en résidence d’écrivain à la libraire Violette and Co, où il va se passer des trucs expliqués dans le prochain épisode.