Pitch

Parce que le réel est hors de contrôle, que voter, s’indigner, manifester ou militer ne peut plus avoir d’incidence sur l’expansion de la catastrophe, un petit groupe de femmes décide de pratiquer la magie à des fins politiques.

Ainsi sera fondé le Parti du Cercle, une communauté de femmes pratiquant la magie pour sauver la République Française, en attendant de pouvoir s’atteler au reste du monde. Enfin, si tout se passe comme prévu. Invoquer les puissances femelles autant que le matriarcat ne sera pas sans conséquences.

Les sorcières de la République est un roman qui oscille entre le fantastique, la satire sociale, et la parodie des mouvements activistes issus de l’utragauche et du féminisme radical. En magie, demander, c’est obtenir. Les cinq héroïnes principales seront donc confrontées à la notion de pouvoir, et à la question que nous nous posons tous. S’il nous était, à chacun, possible de changer le monde tel qu’il fonctionne aujourd’hui, quelle alternative imposer, quelle utopie pourrions-nous inventer?

9 septembre : Le Parti du Cercle à Lyon

INVOQUER LES PUISSANCES FEMELLES EST CE SOIR LA SEULE SOLUTION : « Avant Eve, il y a eu Lilith ; avant la planète Terre, Gaïa. L’histoire a mangé Messaline, impératrice vorace, épouse de Claude, bacchante. Les lions n’ont pas touché au corps de Sainte Blandine, son sang a coulé par les hommes, le filet, les cornes, le taureau. L’amphithéâtre des trois Gaules, un soir de pleine lune, une sibylle, un rituel. L’évocation de figures femelles, bouche décousue, mémoire des pierres. Le symbolisme d’une procession, le réel d’une situation. En magie, savez-vous, demander, c’est obtenir. A chacun d’accepter la loi du choc en retour. Et de savoir entendre ce que désire son cœur. »

En ce début septembre, la Sibylle pose ses malles au Lavoir Public de Lyon. Mardi 9, ce sera la pleine lune, une procession et un rituel, l’usage de la magie à des fins politiques, un devoir de mémoire et l’odeur de l’encens.

Bien sûr, ce sera une performance, une autofiction collective, une narration grandeur nature. Texte & Bande son : Chloé Delaume; Scénographie : John Mahistre; Costumes : Dévastée. Coryphée : Anouck Hilbey.

Si vous voulez y assister, ce sera à 20h et ici.

Si vous voulez participer, la Sibylle, au Lavoir Public, vous accueille en stage dès le lundi. Pour vous inscrire : contact@lelavoirpublic.com

7 juin : La Contribution à la Cinémathèque

Reprise de la 53ème Semaine de la Critique à la Cinémathèque de Paris. La Collection Canal + 2014 est présentée salle Georges Franju, en présence des réalisateurs.

« La trentaine vue par les écrivains », soit 5 courts métrages : Les Anti-trente D’Oxmo Puccino, La Contribution de Chloé Delaume, Par acquis de conscience de Maxime Chattam, Le plus petit appartement de Paris d’Héléna Villovitch et Rosa Mystica de Simon Liberati et Eva Ionesco.

Samedi 7 juin à 21h45, La Cinémathèque française, 51 Rue de Bercy, 75012 Paris.

21 mai : La Contribution à Cannes

La Contribution est mon premier court métrage. Il a été réalisé pour La Collection Canal+ 2014 : « La trentaine vue par les Écrivains ». Héléna Villovitch, Simon Liberati, Maxime Chattam, et Oxmo Puccino sont aussi de la partie.

Les cinq films seront présentés par Augustin Trapenard mercredi 21 mai, à 15h, au Miramar, durant la Semaine de la critique du Festival de Cannes.

Produit par Manufactura, La Contribution est un film d’anticipation.

2084, la crise économique mondiale, les catastrophes écologiques, l’épuisement des ressources naturelles, la démographie qui explose.

L’Organisation Mondiale des Nations Conscientes du Problème applique donc la Contribution. Chaque fin d’année un pays tiré au sort doit éliminer tous les individus âgés de 30 ans. Louise et Ivan, jeunes mariés, sont conviés à leur dernier réveillon. Louise aimerait être libre, encore un tout petit peu. Comme dans n’importe quel conte qui se passe une nuit de pleine lune, ça risque de mal tourner.

Louise est interprétée par Anne Steffens, Ivan par Milan Mauger, Rebecca par Milo McMullen. Suzanne Finet, Mady et Monette Malroux, Max Ollivier et Bernard Pagès jouent l’étrange staff républicain. Les Contribuants sont habillés par Dévastée; l’intégralité de la BO a été composée par The Penelopes.

17 Mai : La Nuit des musées chez Balzac & Mme de Mortsauf

Le 17 mai, de 19h à minuit, il se passe un tas de trucs au Château de Saché. Parce que c’est le musée Balzac, parce que c’est là qu’il a écrit Le Lys dans la vallée, parce que le fantôme de Madame de Mortsauf m’a confié une mission.

J’inaugure les Conversations entre onze heures et minuit. Chaque année, désormais, en Touraine, une résidence d’écrivain immersive, puis un texte publié sous la forme d’un journal aux allures très XIXe siècle. Le premier numéro, sa Une, c’est « Comment j’ai découvert la vraie nature de Madame de Mortsauf – Le témoignage exclusif de Chloé Delaume, après un reportage de terrain. Propos recueillis par Etienne Lousteau ». J’en ferai la lecture à 22h.

Le 17 mai, la Nuit des musées, du café, des installations sonores, une promenade dans le parc, une volée d’escaliers, l’écritoire et un lit. Des bustes, et beaucoup d’ombres.

Le lys vous parlera, les pierres sont rancunières et la bouche d’Henriette décousue. Du café, le printemps sur la Loire, les châteaux qui dessinent Félix de Vandesse, le bruit d’un siècle recouvert de terre, La Comédie Humaine, quelques froissements de pages, ce sera sûrement joli et peut-être amusant.

Le musée Balzac est à Saché, en Indre-et-Loire. Ma comédienne fétiche, soit Anne Steffens m’accompagne. Parce que la vérité qui sort de la bouche des fanés, je ne peux pas la porter seule. Henriette de Mortsauf est un personnage de fiction qui s’est fait drôlement avoir, une ténébreuse affaire où les ciseaux sont bien réels, les archives existantes, autant que la tombe de Madame de Berny.

 

Atelier Biopic

Pour sa 9e édition, HORS PISTES investit le Centre Pompidou avec Biopic’s Factory, du 10 au 26 janvier. Projections en salles, performances : récits de vie en images, permettant de découvrir le processus créatif des artistes présentés.

Au Forum-1, Meggie Schneider et Simon Fravega tiennent leur propre Fabrique à Biopic, entre exposition et plateau de tournage. Chaque jour, ils explorent un épisode biographique structurant, de l’enfance à la mort.

En écho, Chloé Delaume propose un atelier d’écriture en ligne, qui, invite le public à construire avec elle le biopic d’un personnage de fiction.

Elle s’appelle Elisabeth Ambrose, elle a vingt-six ans cet hiver, une poignée de tâches de rousseur et un rôle qui l’attend dans une fiction en cours.

Composer son parcours biographique, images brèves, anecdotes, sur le blog par les commentaire, chacun peu contribuer par un paragraphe-polaroid. Inventer ses souvenirs autant que ses désirs,  transposer de l’intime pour emplir ce personnage de multiples événements.

http://biopic-hors-pistes2014.blogspot.fr/

 

Personnage de fiction dans le réel : La Sibylle.

Je m’appelle généralement Chloé Delaume, parce que je suis un personnage de fiction. Je me suis reconstruite jusqu’à l’état civil. Je m’écris dans le réel et dans d’autres espaces, je tente d’y imposer ma propre narration. En dépit de la puissance des fictions dominantes. Familiales, sociales, culturelles, religieuses, politiques, économiques, médiatiques.

A chacun ses outils, à chacun sa technique. Refuser le déterminisme, le rôle que l’on m’a attribué, le devenir individuel que les fictions dominantes m’avaient par avance rédigé. Je m’écris moi-même, souveraine au creux de mon histoire, et tant pis si elle reste brouillonne et minuscule.

Je pratique l’autofiction. C’est un geste littéraire, une formule poétique. Acte performatif. Dans le réel, Dire c’est faire. Au commencement était le verbe ;  le réel est un espace-temps qui fabrique des histoires ;  aux fictions dominantes, dire : je ne suis pas des vôtres.

Je cherche des outils de subjectivation. Je m’écris dans le réel et dans d’autres espaces. Un livre ou un écran, des pixels ou des sons ; un paragraphe de vie ou une situation. Je réalise des objets clos. Parfois ils rebondissent ; dans le réel un corps vivant entend, lit, parfois voit, mais en tout cas comprend, ressent, déplace, un instant son mode de perception. D’une façon ou d’une autre, disons qu’il est touché. Le hasard n’existe pas, alors autant s’organiser.

L’écho peut être une ecchymose,  parfois pour moi un choc en retour. Certains autels de magie noire appellent l’esprit en escalier. Une serviette propre et au suivant. Une bougie, une nappe en coton, quelques gouttes de sang noir sur des fibres textiles, le tout 100 % naturel.

Il est arrivé que quelqu’un meure, sans que je le fasse exprès, ni même que je le désire. Je fais de temps en temps des demandes à la lune. Mais en magie,  il faut savoir que Demander, c’est obtenir.

Ce que l’on souhaite vraiment, ce que veut notre cœur, les conséquences dans le réel, les modifications concrètes, dans le réel. Ce que la requête implique, en magie, la question, il faut se la poser ; ça anticipe les ecchymoses. Il est arrivé que je ne meure pas alors que je le faisais exprès.

Des gestes et des rituels, en France une personne se suicide toutes les 50 minutes. La statistique est stable depuis des décennies. Pourquoi je ne suis pas morte, personnage de fiction, généralement Chloé Delaume, je suis mauvaise femme et sorcière.

Pratiquer la magie à des fins personnelles, inutile de poursuivre, action ou vérité ; actions en vérité, ce n’est pas du tout la voie à suivre. A ne modifier que son âtre, on fout le feu aux foyers, on embrase toute la ville sans pouvoir jouir des cendres. J’ai déjà essayé. La migraine est violente et les remords audibles.

Nous sommes janvier 2014. Je suis celle s’écrit parce qu’elle prend la parole. Je m’appelle comme je veux, cette fois je suis La Sibylle. Avec un bout de ficelle, son index et une craie,  tracer un cercle parfait, sur le sol est possible. Pour outils une boussole, dans n’importe quel smartphone l’appli est intégrée.

Je m’appelle La Sibylle. Dans mon kit de survie je n’ai trouvé que des grimoires, un cœur en améthyste, un miroir en onyx et Le Petit Robert relié en peau de grenouille. Un geste littéraire, une formule poétique. Acte performatif. Dire c’est faire, dans le réel. C’est pour ça que l’Alchimie du Verbe, depuis toujours, je la prends au sérieux.

Je m’appelle La Sibylle. Janvier 2014, Paris, la France, l’Europe, le Monde occidental. Le réel est le mot crise. Effondrement de systèmes, de modèles, de symboles, de théories, de mécanismes, politiques, économiques, bancaires, écologiques, sociaux, institutionnels. Le chômage ne peut qu’augmenter, la zone euro exploser, les conditions de vie se dégrader ; l’Etat ne peut plus rien pour personne, le pays entier est en faillite, la mondialisation s’emballe, les ressources naturelles s’épuisent.

Le réel est hors de contrôle. Storytelling performatif, dans le réel, Dire c’est faire. Le réel engendre des créatures, un système acéphale, des pouvoirs fictifs incarnés. Agences de notation, banques mondiales, traités opaque, mesures  contradictoires adoptés sans le moindre vote, troïkas intrusives, schizophrènes.

Je m’appelle La Sibylle, je fabrique une histoire. Par ailleurs, je suis inscrite à l’Urssaf en tant que Cabinet Lilith & cie, voyance, cartomancie, auto-entrepreneur. Personnage de fiction auto-entrepreneur. Dans le réel, le spectre de Margaret Thatcher. Son souffle paralysant, la puissance de son sort. There is no alternativeDire, c’est faire, souvenez-vous. There is no alternative. Le mot résignation a le pouvoir de figer.

A chacun sa technique. La pétrification, pour l’annuler, la seule chose qui soit efficace, je crois bien que c’est l’exorcisme. Faire sortir des esprits le regard de Méduse, libérer le réel du spectre de Margaret Thatcher.

Ici 2014, c’est janvier à Paris. Le réel est hors de contrôle. C’est la crise et bientôt les soldes. Comme tout le monde, mon armoire déborde de bonnets rouges. Je n’ai pas les moyens de porter des Louboutin. Je suis celle s’écrit parce qu’elle prend la parole. A chacun sa technique. Voter, s’indigner, défiler, militer, s’organiser, agir. Les modes d’action traditionnels n’ont et ne peuvent avoir aucune prise.  L’insurrection est à la mode dans les librairies, les salons. Voter, s’indigner, défiler, militer, s’organiser, agir. Bonnets et semelles rouges.

A chacun sa technique. Je m’appelle La Sibylle. J’ai bien dit : La Sibylle, et non pas la Pythie. Je ne suis pas porte-parole, secrétaire d’un dieu mâle lyrique et guérisseur ;  je ne suis ni jeune, ni vierge. Je n’ai pas été formée, je n’ai de supérieur, si ce n’est moult entités. Je n’attends aucune question pour livrer mes réponses, et d’une simple virgule mes prophéties basculent, ma syntaxe est opaque, ma bouche est délirante à en croire les anciens. La Sibylle est nomade, la Pythie fonctionnaire.

Je m’appelle La Sibylle, je fabrique une histoire, une narration ouverte, cette fois, pas d’objet clos. Par ma bouche, des paroles. Sachez, j’ai une mission.

Le 14 juillet 2013, François Hollande a dit : La politique, ce n’est pas de la magie. Sauf que si on y regarde bien, la magie, dans le réel, le vrai réel, janvier 2014, la France, la crise écologique mondiale, les fictions économiques, la gestion des ressources humaines. La terreur de la faillite, le totem des 3% du déficit, la perte du triple A. La monnaie relève de la croyance, la reprise de la croissance du domaine de la foi.

La politique, ce n’est pas de la magie. Insérer un GIF animé susceptible de convenir. Aucun chaton ne sera maltraité.

Je m’appelle La Sibylle, je fabrique une histoire, une narration ouverte et participative. Une autofiction collective, des Je s’écrivent dans le réel. Personnages de fiction au-delà du jeu de rôle, aux fictions dominantes, ils disent : ma narration est plus belle que la vôtre.

 

Par ma bouche, des paroles. Prophètes et citations. Christian Salmon, Storytelling : la machine à fabriquer des histoires :  Le monde de demain sera le résultat d’une lutte entre les narrations imposées et les contre-narrations libératrices. Avant, Jean Baudrillard, Cool Mémories : Nous ne voulons plus d’un destin, nous voulons une histoire.

Je m’appelle la Sibylle. La piste d’un interstice, et un terrain d’actions. Pour contrer le storytelling, Christian Salmon propose d’ «enrayer la machine », par le développement de «pratiques symboliques », «en défocalisant, en désynchronisant ses récits ».

L’autofiction étant une pratique symbolique,  il pourrait être possible de la prendre pour outil. Infiltrer le réel, écrire, dans ce réel, collectivement, une autre histoire. Une narration alternative, fabriquée dans le réel, mêlant pour ses participants la vie et l’écriture. Une contre-narration qui s’assume, crée des textes, des images, des objets, mais également des faits et quelques événements.

Je m’appelle La Sibylle.

Je propose un récit où s’écriraient des Je qui enrayent la machine Un récit dans le réel. Une contre-narration.

Une histoire : Le Parti du Cercle.

Une société secrète, magie et politique, un geste poétique, une fiction IRL dont nous sommes les héros. Action ou Vérité, devise en majuscule :

Modifier le réel est devenu impossible. Pratiquer la magie est la seule solution.