Situation initiale – Chloé Delaume écrit cette année une utopie théâtrale, qui suit la fondation et l’évolution d’une VIe République Française dont la devise serait désormais « Liberté -Parité-Sororité ». L’action se déroule dans les gradins de la nouvelle Assemblée Nationale installée au Palais de la Femme. Pour personnages centraux des élues, ainsi qu’une journaliste qui suit en direct les débats. L’impact des décisions prises passe par un écran, comme une fenêtre sur l’extérieur. Mais l’extérieur perçu, capté et retransmis par les médias, les réseaux sociaux, nationaux et internationaux. L’impact d’une révolution féministe à l’heure des GIF animés et de la contamination active #ungestepourlabelette.
Le mercredi, c’est librairie – Durant dix mois, grâce au dispositif des Résidences d’écrivains de la Région Île de France, Chloé Delaume va ouvrir au public son chantier de travail à la librairie Violette and Co, et proposer à qui veut d’y participer. Partager ses lectures, explorer les formes des utopies féministes dans l’histoire littéraire. Un mercredi, chaque mois, échanger des données, des écrits, des paroles, réfléchir ensemble sur des mots, des œuvres, des gestes. Violette and Co est située dans le 11e arrondissement de Paris, au 102 rue de Charonne. C’est une librairie militante, le fond a la couleur de son nom. D’ailleurs pourquoi le violet est la couleur du féminisme? Connaissez-vous l’histoire de nos aînées suffragettes, que dit le dictionnaire du mot « Sororité », comment entendez-vous le terme « Matrimoine »?
Plutôt que de n’en parler que chez soi avec les copines, autant ouvrir le débat à qui veut et surtout se pose les mêmes questions. Isabelle Cambourakis, Nina Yargekov, Lydie Salvayre et Nathalie Kupermann : autant les faire venir dans le cadre la résidence et que tout le monde en profite.
La carte peut être le territoire – Le Palais de la Femme est un lieu qui existe. Situé au 94 rue de Charonne, à l’angle de la rue Faidherbe. Le bâtiment date de 1910, il est classé aux monuments historiques. Depuis 1926, c’est un lieu d’accueil destiné aux femmes isolées et précaires, géré par l’Armée du Salut. Actuellement 650 chambres sont occupées.
Ce n’est pas un lieu de passage. Les résidentes peuvent y séjourner le temps de se reconstruire, de se poser, de reprendre et d’apprendre, de peu à peu se réinsérer sur des bases solidifiées, elles sont accompagnées et aidées en ce sens. L’équipe d’animation du Palais de la Femme y multiplie les activités dans les fameuses salles communes classées, ateliers d’écriture dans la bibliothèque y compris.
Et soudain, la passerelle – En parallèle des lectures et discussions chez Violette and Co, un atelier d’écriture mensuel, ouvert à qui le souhaite, se tiendra dans la bibliothèque du Palais de femme. Il est animé par Chloé Delaume et Catherine Bédarida. Passer la porte et rejoindre les résidentes, écrire ensemble des pastiches, des hymnes, des propositions de loi, des articles de journaux ou de presse féminine, des lettres de marraine à filleule. S’inventer dans cette VIe République, écrire une chanson ou un conte, où désormais l’espace public, c’est acquis, est repeint en violet.
L’expérience et ses traces – De son lancement le 18 janvier à sa dernière soirée en novembre, les rencontres et travaux sont suivies par Remue.net. Captations des mercredis à la librairies, vidéos des lectures. Peut-être plus si affinités. Il faut envisager ces dix mois et son espace sur Remue un peu comme une revue, un cadre thématique aussi dynamique qu’éphémère. Montages photos, vidéos, audio, textes. L’occasion de trouver son médium d’expression, et de se constituer des souvenirs.
Les textes écrits en ateliers, où recueillis par mail, seront publiés sous forme d’un livret à la fin de la résidence. La pièce de théâtre une fois achevée sera, quant à elle, publiée au Seuil. Une restitution finale du travail collectif effectué en atelier, et de l’avancée de la pièce, aura lieu au Théâtre de la Loge en novembre.
Pour participer il suffit de consulter le calendrier et de s’impliquer en fonction.